Une migraine lancinante traîne Clarens Fortuné de la cafétéria de Le Matin où il officiait comme rédacteur en chef à la tombe. Hommage sera rendu dans la matinée du 13 août 2011 au Parc du Souvenir à Clarens Fortuné, addict au journalisme. A l’approche des funérailles nous reprenons un texte de Le Matin rapportant les derniers gestes de Fortuné sur son lit de mort. "Clarens Fortuné, addict au journalisme", le titre de HPN résume la vie de cet homme efficace et qui s’efface.
Sur son lit de mort, Clarens Fortuné faisait encore ce qu’il a fait durant toute sa vie: écrire et corriger. Les yeux fermés sur un lit d’hôpital, il agitait sa main dans le vide comme s’il écrivait, soulignant ou effaçant à chaque fois en fonçant les cils comme il le faisait devant une faute mal venue. S’il est vrai que c’est une hémorragie cérébrale qui l’a fait partir pour l’au-delà, son cerveau répétait jusqu’à ses dernières minutes, ces gestes devenus pour lui des automatismes et qui au fond correspondaient à la passion de sa vie: le métier de rédacteur, correcteur.
Ça a commencé par une migraine, persistante douleur qu’il a pendant un temps minimisé. On ne semblait pas pouvoir le convaincre de visiter un médecin pour s’enquérir des vraies causes de son mal chronique.
A la cafétéria du journal Le Matin, il mangeait avec tous, le mardi 19 juillet, quand il a dû pendant un temps attraper sa tête des deux mains pour la serrer fortement. Son malaise était visible. Mais il s’efforçait encore de prouver son courage. Ses collaborateurs s’inquiétaient de plus en plus et son appétit déclinait considérablement. Laissant la table, Clarens le blagueur était bien moins bavard cette fois et se déplaçait au prix de grands efforts. Il marchait lentement. Mais après quelques pas le "rédac" s’est arrêté, s’agrippant au mur comme s’il résistait à une foudre intérieure. Gesticulation, concentration, soupirs : vomissements ! Clarens a été conduit chez lui, après un temps de récupération.
Eddy Laguerre
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