Friday, August 5, 2011

Clarens Fortuné casse sa plume

Clarens Fortuné, rédacteur en chef de Le Matin, vient de raccrocher définitivement sa plume, pour un aller simple au paradis décidément bien encombré de journalistes. Il s’est éteint, dans la matinée du 4 août 2011, à l’âge de 49 ans, dans un un hôpital de Port-au-Prince où il a admis, le 25 juillet dernier, pour une migraine lancinante.  

Clarens Fortuné (Photo: Le Nouvelliste)
« Quand le journaliste est le quoi de la nouvelle, ce n'est pas la joie », consterne Roberson Alphonse en première page de Le Nouvelliste. Ancien collaborateur de Clarens Fortuné avant de passer au quotidien rival a été assené, la veille par son mentor. « Vous êtes venu voir si je suis mort pour diffuser la nouvelle », a-t-il lâché depuis son lit d’hôpital. Habitué à l'humour décapant de son ami, Alphonse a répondu, la voix masquant mal son angoisse, que c'est simplement le disciple qui est accouru au chevet de son mentor, du maître ayant guidé ses pas, il y a 11 ans.


« Notre rédacteur en chef est mort », le titre de Le Matin – en ligne – reflète l’atrocité de la douleur qui déchire les entrailles de chacun des collaborateurs de Clarens Fortuné au journal plus que centenaire. « Je suis profondément attristé par la mort de Clarens, un ancien collaborateur, un mentor et un ami », se désole Rock André. Émigré aux États-Unis, l'ex-rédacteur du quotidien plus que centenaire garde de son ancien rédacteur en chef « l'image d'un homme intègre, humble et laborieux ». Sa passion pour le métier de journaliste, poursuit-il, est contagieuse. « Avec la mort de Clarens, c'est un baobab qui part pour l'au-delà », a conclu André. 


Ancien collaborateur de Clarens Fortuné à Radio Nationale d’Haïti au début des années 90, Charlemagne Louis-Charles est lui aussi attristé. C’était un « homme intègre ayant la colonne vertébrale rectiligne », témoigne Louis-Charles dans un court texte-hommage publié sur le site de Le Matin. Cet homme verticale, se souvient-il, a pu garder son intégrité en dépit des avances toutes azimuts et l'air corruptrice qui soufflait sur Port-au-Prince.
Clarens Fortuné et Lemoine Bonneau de Le Nouvelliste animant un séminaire en 2009
Né à Jérémie (Grand’Anse) le 15 février 1962, Clarens Fortuné traîne derrière lui quelque trente ans de carrière. Il a entamé sa carrière au  début des années 80 à Le Petit Samedi Soir. « Calme, réservé, d'une simplicité étonnante, Clarens Fortuné, à l'instar de feu Eric Sylla, représente un prototype aujourd'hui très rare de journaliste », estime son confrère et ami Pierre-RaymondDumas. Ce fut, avant tout, ajoute Dumas, un rédacteur-correcteur, un lecteur assidu et averti de textes mal ficelés, de brouillons, de premiers jets.
Le Centre opérationnel des médias adresse ses plus sincères condoléances à la famille et aux collègues de Clarens Fortuné.

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