Wednesday, November 23, 2011

Nouveau fonds pour le journalisme d'investigation en Haïti

Deux des obstacles majeurs à une culture de journalisme d'investigation en Haïti - les fonds et le temps - sont en passe de trouver un palliatif avec la création d'une bourse par le Centre international pour journalistes (ICFJ) et International media support (IMS). Le nouveau fonds est accessible aux pigistes et journalistes travaillant à plein temps.
 
Par Claude Gilles 

Le premier fonds pour le journalisme d'investigation sera officiellement lancé lors d'une séance d'informations annoncée pour le 30 novembre 2011, au Centre opérationnel des médias, mis en place par Reporters sans frontières, dans le quartier de Bourdon. « Le fonds permettra d'offrir aux journalistes haïtiens les moyens de produire des investigations détaillées, en leur fournissant un financement à court terme leur permettant ainsi de couvrir leurs coûts, y compris leurs salaires », informent l'ICFJ et l'IMS dans un communiqué. « Il est essentiel, poursuivent-elles, de créer un corps de journalistes d'investigation ayant la capacité de rendre compte sur cette société d'une manière qui responsabilise les fonctionnaires du gouvernement, les organisations d'aide humanitaire et autres entités, spécialement durant la période transitoire de la reconstruction d'Haïti, après le violent séisme du 12 janvier 2010. »   
   

Chaque récipiendaire, selon les organisations créatrices de la bourse, peut recevoir entre 400 et 750 dollars américains, sur une durée de deux mois, pour produire des reportages de fond. Des ressources financières pour voyage, cartes de téléphone, photocopies et des frais pour accès à Internet seront également octroyées aux bénéficiaires. Ce fonds permettra aux journalistes et médias de sortir un peu du carcan des traditionnels conférences ou colloques tenus dans les hôtels, institutions publiques, les locaux des ONG ou partis politiques.


 « L'idée est de créer à la fois une culture de journalisme d'investigation, et aussi de fournir les moyens financiers permettant aux journalistes de mener des investigations à terme, d'améliorer la qualité des reportages et de générer aussi une expectative de responsabilisation des acteurs de la société », a expliqué Jean Rommel Pierre, coordonnateur de l'IMS. 


Le fonds pour le journalisme d'investigation en Haïti, dit-il, est ouvert à tout journaliste -presse écrite, parlée et télévisée - travaillant à temps plein ou en tant que pigiste. « On peut travailler seul ou en groupe de deux ou trois personnes », poursuit M. Pierre, journaliste traînant après lui plusieurs décennies de carrière. La première série d'applications se concentrera sur l'aide humanitaire consacrée à la reconstruction d'Haïti, dont la capitale et plusieurs villes de province ont été détruites par la pire catastrophe qu'a connue le pays. 


Pour mieux cerner le thème choisi et atteindre les objectifs fixés, les organisations créatrices du fonds ont convenu d'organiser des sessions de formation à l'intention des journalistes bénéficiaires de la subvention en janvier prochain. Un jury sera également constitué par des associations partenaires, notamment l'Association nationale des médias haïtiens (Anmh), l'Association des médias indépendants d'Haïti (Amih), le Groupe médialternatif et l'Association des journalistes haïtiens (AJH), pour déterminer les gagnants parmi les journalistes qui ont fait une application en ligne à partir du blog http://journalismeinvestigationhaiti.blogspot.com/ créé par l'ICFJ et l'IMS. « Toutes les applications devront être complétées entièrement et soumises en ligne le 16 décembre 2011 au plus tard, a précisé Kathie Klarreich, "Knight international journalism fellow" pour l'ICFJ en Haïti. Les gagnants seront annoncés le 3 janvier 2012 et les applications incomplètes seront automatiquement éliminées. »


La presse haïtienne a payé un lourd tribut au violent séisme du 12 janvier 2010. Une quarantaine de journalistes et travailleurs de la presse ont été tués et les locaux de divers médias ont été soit détruits ou endommagés. La plupart de ces médias tournent la page du séisme quelque deux ans après le drame.

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