Saturday, July 30, 2011

Une génération de web-journalistes propulsée

L’association française Solidar’IT s’associe à diverses organisations locales et internationales dont Reporters sans frontières, Fondation de France, groupe Medialternatif et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) pour propulser une nouvelle génération de web journalistes en Haïti.
Des journalistes et un cadre du ministère de la Culture et la Communication ont assisté aux formations
Une trentaine de journalistes haïtiens ont pris part à une formation multimédia organisée au mois de juin et juillet 2011 au Centre opérationnel des médias mis en place par Reporters sans frontières dans le quartier de Bourdon. « Cette formation avait pour objectif de renforcer la capacité des journalistes et des médias haïtiens à produire des contenus multimédias pour le web (photoreportages web, portfolios sonores, courtes vidéos…) et maîtriser les nouveaux médias sociaux (Facebook, Twitter, Flickr…) pour la diffusion d’informations », informe l’Unesco dans un communiqué de presse. Elle a aussi traité des questions éthiques spécifiques du journalisme sur le web, notamment en période électorale.

Deux des formateurs: Thomas Garric et Elodie Vialle
Pour l’Unesco, il est important de renforcer la professionnalisation de la production des journalistes sur le web, tant sur le plan technique que sur le plan de l’éthique journalistique, compte tenu de l’influence grandissante d’Internet sur l’information fournit aux Haïtiens. L’exemple du « Printemps arabe », souligne l’organisation, a démontré le pouvoir de l’information diffusée sur le web sur les transformations politiques, la gouvernance démocratique et la mobilisation de la société en faveur de la liberté d’expression.

Au moins un million d’Haïtiens en Haïti et plusieurs millions vivant à l’étranger, selon Medialternatif,  ont accès à Internet. Les Haïtiens sont de plus en plus nombreux à s’informer en utilisant les ressources Internet, tandis que les médias (principalement radios et journaux) s’alimentent dans une proportion non négligeable à partir de sources sur Internet.
Giordano Cossu, Gotson Pierre et Mehdi Benchelah expliquent l'utilité de la formation lors d'un point de presse
Commencées début juin, les sessions de formation s’étendent sur cinq journées et comportent de nombreuses parties pratiques. Elles se terminent le 29 juillet 2011 avec la remise d’un certificat aux journalistes qui ont assisté à l’ensemble de la formation.

Martelly réconcilié avec les journalistes de Jacmel

Le président Joseph Michel Martelly et les journalistes de Jacmel. Le chef de l’Etat a dû présenter des excuses, le jeudi 28 juillet 2011, aux travailleurs de la presse bousculés par des agents du service de son service de sécurité.      

Des journalistes qui montaient la garde à la salle d’attente de l’hôtel Cap Lamandou ont été sommés de vider les lieux pour faciliter l’arrivée de Martelly à la salle de conférence de l’hôtel où des membres du secteur touristique attendaient déjà. « Des agents avaient auparavant fait pression sur un journaliste qui tentait de prendre des photos du chef de l'Etat, qui s'était débarrassé de sa chemise, en raison probablement de la chaleur », a rapporté l’Agence haïtienne de presse.  

Des journalistes locaux joints au téléphone en début de soirée par l'AHP ont dit avoir accepté les excuses du président, mais ont condamné le comportement de ses agents de sécurité.

Friday, July 29, 2011

Les journalistes refusent de peindre tout en rose

Des responsables d’associations de journalistes et de médias s’insurgent contre une tentative du président haïtien, Michel Martelly, de bâillonner la presse.

Max Chauvet, président de l'Anmh; Frantz Duval, rédacteur en chef de Le Nouvelliste (au milieu) et le chef de l’État (à droite). Photo: Frédérick Alexis/Le Nouvelliste
Le chef de l’État qui intervenait le jeudi 28 juillet 2011 au lancement de Magic Haïti, une publication dédiée à la relance du tourisme dans le pays, s’en prend à la presse en générale et en particulier à des émissions qu’il estime à sensation. « Je reste positif, je crois qu’on a une opportunité, et ceux-là qui sont mécontents, au moins taisez-vous. Laissez la chance aux jeunes diplômés revenus de l’étranger ou à ceux qui sont dans la rue en quête d’opportunités, vous qui avez déjà échoué, qui exploitez la misère, les faiblesses d’Haïti, taisez-vous », a déclaré le chef de l’État.


S’agissant spécifiquement du fonctionnement de la presse, a rapporté Radio Kiskeya, Martelly a gentiment tapé sur les doigts des journalistes, reprochant aux médias de donner libre cours au sensationnalisme au détriment du pays et de ses intérêts supérieurs. « Ces jours-ci j’évite d’écouter les émissions à sensation, question de pouvoir se payer l’heure, des émissions qui claironnent que rien ne va et prédisent des événements dramatiques. C’est bon pour ceux qui aiment les sensations, mais pour Haïti c’est un pas à l’opposé », a poursuivi le chef de l’État. Il dit avoir à sa disposition la loi et les forces armées et qu’il n’a peur de rien maintenant. Que ceux qui auraient l’intention de s’attaquer à lui sachent à quoi s’en tenir, a-t-il prévenu. Michel Martelly a confié qu’il restait dans un état d’esprit positif malgré l’hésitation de la presse à répondre à son invitation de l’accompagner. Cependant, souligne-t-il, il ne recherche pas pour autant le soutien des médias et peut aisément s’en passer.


Une de Le Nouvelliste du 29 juillet 201
Les propos du chef de l'État sont attentatoires à la liberté de la presse, juge le secrétaire général de l'Association des journalistes haïtiens (Ajh). « Le Président n’a nullement le droit de dicter à la presse la façon dont elle doit faire son travail. La Présidence aurait intérêt à expliciter davantage les dernières déclarations du chef de l’État, appelle les membres de la presse à ne pas se laisser intimider », a réagi Jacques Desrosiers. « Nou pap taire (la presse ne se taira pas », a ironisé le secrétaire général de l’association vielle de plus d’un demi-siècle.    


Ancien président de l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh), Hérold Jean-François ne digère pas non plus les propos de Michel Martelly qu’il assimile à une atteinte à la liberté de la presse. « Aucun dirigeant, même avec le soutien des armes et de la loi, ne peut s’arroger le droit de réduire au silence la presse, car les hommes et les femmes d’Haïti ont conquis de manière irréversible la liberté d’expression », a averti M. Jean-François qui intervenait sur les ondes de Radio Kiskeya. Propriétaire de Radio Ibo, Hérold Jean-François rappelle aussi à celui qui ose aujourd’hui demander aux autres de se taire, comme pour payer le prix d’un certain échec, que tout au long de sa carrière artistique très mouvementée il introduisait des ingrédients de toutes sortes dans ses chansons.


Avant même sa prestation de serment le 14 mai 2011, Michel Martelly avait des relations très tendues avec des journalistes et des médias de Port-au-Prince.

Thursday, July 28, 2011

Un président assoiffé de good news

La soif de good news du président Michel Joseph Martelly est incommensurable. Elle se mesure même à celle de Manuel dans Gouverneurs de la Rosée. A son retour de Cuba, le personnage légendaire campé par Jacques Roumain découvre son village divisé par d'anciennes querelles et une terre aride et désolée. Avec courage et obstination, il part à la recherche d'une source ; il finit par trouver l'eau et tente alors de réconcilier les deux clans rivaux
La Une de Le Nouvelliste du 28 juillet 2011
Avec une notoriété déjà acquise en dehors de la politique Martelly accède à la magistrature suprême, 62 ans après la publication du Gouverneurs de la Rosée, roman souvent considéré comme un classique de la littérature haïtienne. Martelly n’a pas vécu comme Manuel dans l’île castriste, mais aux États-Unis. Pour tenter d'apaiser sa soif, il a accueilli, le 2 juillet dernier, une quinzaine de directeurs d’opinions et patrons de médias au Palais présidentiel.

Le 56e président d’Haïti espère voir la presse haïtienne s’engager en première ligne, dans le combat en faveur d’une image de marque du pays à l’étranger. Dans un aparté avec journalistes et responsables du quotidien Le Nouvelliste qu’il a visité ce 27 juillet, le chef de l’État a évoqué longuement sa vision de la presse et sa lecture des articles du journal. Rédacteur en chef, Frantz Duval, aime la franchise du président. « Nous lui assurons aussi de la nôtre, ce en toute correction », a écrit Duval dans un éditorial titré « L’arithmétique de l’information »

Coïncidence heureuse, la première page du journal est consacrée à Magic Haïti, une nouvelle publication dédiée au développement du tourisme, mais aussi au come-back de Les Difficiles de Pétion-Ville, figure légendaire du Compas direct, musique dansante du pays.

Dans l’arithmétique de l’information, la Semaine du tourisme n’est pas éclipsée par la tentative d’attentat dont le chef de l’État a été la cible au Cap-Haïtien, il y a trois jours. La vie apporte aussi son lot de « bad news », surtout dans un pays comme Haïti souvent frappé par le malheur. Un Manuel pour guider nos "Gouverneurs"?

Friday, July 22, 2011

Quand Liliane tacle l’ex-roi de la censure

« Haïti, six minutes de bonheur » est le titre d’un article consacré par la revue XXI à la sélection haïtienne de football qui mettait fin, en 1974, au record de Dino Zoff, gardien italien invaincu depuis douze matchs. Plus de trente ans après la participation haïtienne à une phase finale de coupe du monde, la revue française revient sur cet instant de bonheur de l’île au destin tragique. Le journaliste Stefan L’Hermite tombe de manière impromptue sur sa consoeur Liliane Pierre-Paul, emprisonnée et exilée sous la dictature des Duvalier. Reproduction de l’articulet publié dans le numéro 15 de la revue XXI. 

Liliane Pierre-Paul, victime de la dictature des Duvalier
Il y a des rencontres impromptues qu’il aurait été dommage de rater…On cherchait un disque, celui où Manno Charlemagne, célèbre voix haïtienne, vante, paraît-il, les dribbles à succès des footballeurs de 1974. On ne l’a jamais trouvé, mais on a croisé Liliane Pierre-Paul, directrice de la radio Kiskeya. Une apparition : robe façon boubou jaune et noire parce que le Brésil sait danser et jouer au foot, arbre à bijoux et dame à savoirs. 


Madame Liliane a beaucoup vécu. Elle raconte : « Ma mère me disait avant d’aller à l’école : ‘’Si on te demande ce que tu veux faire comme métier plus tard, ne dis jamais Présidente, c’est réservé à vie à Jean-Claude Duvalier’.» 
   

Elle poursuit : « Les gauchistes, les journalistes, les intellectuels, étaient régulièrement arrêtés. On nous amenait dans une annexe du Palais. Jean-Claude aimait beaucoup entendre les tortures. »


Elle conclut : « On survit, on n’a ni le temps de revenir en arrière, ni le temps de construire. Le problème, c’est que les mauvaises herbes poussent plus vite que les bonnes. »


Et retourne derrière les consoles à musique, en renfermant les cadenas qui barricadent sa radio.  

Source : Revue XXI, numéro 15, page 131, juillet 2011

L’au revoir de la ministre Lassègue

La ministre de la Culture et de la Communication, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, se retire définitivement du gouvernement démissionnaire pour se faire soigner d'une sclérose en plaques.
François Bugingo, de RSF-Canada; Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue, ministre de la Culture et des Communications ; Clothilde Le Coz, de RSF-USA
Dans une correspondance adressée, vendredi, au Premier ministre Jean-Max Bellerive, la militante féminine cesse de liquider les affaires courantes au sein du gouvernement démissionnaire. Mme Lassègue devra effecteur incessamment un voyage à l’étranger pour se faire soigner d'une sclérose en plaques dont elle souffrait depuis plusieurs années.


Le Centre opérationnel des médias, mis en place par et Reporters sans frontières et Quebecor une semaine après le violent séisme du 12 janvier 2010, a reçu l’appui de la ministre de la Culture et des Communications de la République d’Haïti, Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue. Les modalités de fonctionnement du Centre et les nominations des journalistes haïtiens à qui la charge a été confiée ont été approuvées le 21 janvier 2010 à Port-au-Prince.

Médias, entre reconstruction et résurrection

Aujourd’hui, la reconstruction tient encore du souhait – ou de la prière – qui contraste avec la mobilisation de la communauté internationale au moment de la catastrophe et la présence massive des ONG. L’agence en ligne Haiti Press Network (Hpn) passe en revue la reconstruction des médias, 18 mois après le violent séisme.
 
Point de presse donné par Giordano Cossu, Gotson Pierre et Mehdi Benchelah au COM
Projeté à la date anniversaire sur le site de Radio France internationale (RFI) avec le soutien de Reporters sans frontières, le web-documentaire “Goudou Goudou, les voix oubliées de la reconstruction” de Benoît Cassegrain et Giordano Cossu, respectivement réalisateur et coauteur du projet issus du collectif multimédia Solidar’IT, décline la tragédie haïtienne à travers l’expérience de cinq jeunes journalistes de radio. L’un d’eux dresse ce constat : “Un an après, c’est comme si le séisme avait eu lieu hier”. Voir la bande-annonce : http://www.dailymotion.com/video/xfkb48_goudou-goudou-les-voix-ignorees-de-la-reconstruction-haiti_travel

Le séisme haïtien aura souligné l’importance du rôle des médias dans un contexte de catastrophe humanitaire.  Non seulement comme supports d’information, mais comme vecteurs de mobilisation et de lien social. En témoignent les exemples des radios Signal FM – seule “survivante” immédiate des 35 secondes ou de Caraïbes FM, réinstallée à même la rue au plus près de ses auditeurs juste après le tremblement de terre. La coalition des dix-sept radios de Petit-Gôave (Ouest) autour de programmes spécialement dédiés au séisme en fournit une autre illustration.


Succès du Centre opérationnel

Reporters sans frontières a voulu apporter sa pierre à la reconstruction avec l’ouverture d’un Centre opérationnel des médias à destination des journalistes privés de moyens de communication. Installé grâce à l’appui technique du groupe canadien Quebecor, la structure a été inaugurée le 19 janvier 2010 par la ministre de la Culture et de la Communication (MCC) Marie-Laurence Josselyn-Lassègue. Notre correspondant haïtien Claude Gilles, issu du quotidien Le Nouvelliste, en assume actuellement la direction (http://fr.rsf.org/haiti-le-centre-operationnel-des-medias-12-08-2010,38139.html).
Liliane Pierre-Paul participe à une session sur le journalisme web
Basé dans le quartier Bourdon de la capitale, doté d’une douzaine de postes informatiques, de connexions Wifi et autres matériels de communication, le Centre affiche une fréquentation totale sur un an de plus de 4 500 utilisateurs. Ce chiffre inclut des journalistes, photographes, graphistes, professionnels des médias mais aussi des formateurs et représentants humanitaires. Support technique, le Centre se veut également un lieu de rencontres, de débats et d’apprentissage.


Durant sa première année d’existence, quelque 41 réunions y ont été tenues, 19 sessions de formations et 8 conférences de presse. Canal France International (CFI), la Fondation d’entreprises de l’AFP et Internews ont organisé et conduit la plupart de ces ateliers. Au total, une trentaine d’ONG et d’institutions – citons Communicating with Disaster Affected Communities (CDAC), International Media Support, Oxfam, la Croix Rouge, l’Unicef, l’Unesco ou encore le Pnud – sont régulièrement représentées au Centre. Grâce à l’appui de ses principaux donateurs – Fondation de France, Fondation Roland-Berger (Allemagne),  Centre de la francophonie des Amériques (Canada) – la structure continuera de fonctionner jusqu’à la fin de l’année 2011. Lire également l'article de Claude Gilles publié sur le site Grotius.fr : http://www.grotius.fr/haiti-la-maison-des-journalistes%E2%80%A6/

Rebâtir et se reconstruire


Vingt-cinq, soit la moitié, des radios de Port-au-Prince avaient pu recommencer à émettre dans le mois qui avait suivi le séisme grâce notamment au concours de Radio France. Le secteur audiovisuel de la capitale est aujourd’hui presque entièrement rétabli, mais avec des moyens très inégaux selon la capacité initiale des médias concernés.


L’aide à la reconstruction des médias prévue par l’État haïtien, chiffrée à deux millions de dollars, a pour l’instant concerné une trentaine d’entre eux dans la capitale, pour des montants allant de 5 000 à 25 000 dollars. La subvention se fait attendre pour les médias de province, en particulier des villes les plus dévastées (Jacmel, Léogâne, Grand-Goâve et Petit-Goâve). Le MCC a promis de verser cette aide dans les cinq mois à venir. La contrepartie de ce soutien financier engageait les médias à diffuser des programmes de service public et à appliquer une réduction de 50 % sur le tarif des annonces gouvernementales, mais aucun n’a signé de contrat en ce sens.
Initiation au journalisme web
 Du côté de la presse écrite, Le Nouvelliste est parvenu à revenir à une périodicité quotidienne depuis avril 2010. Tel n’est pas le cas de Le Matin, aujourd’hui hebdomadaire et édité en République Dominicaine, obligé de se séparer en cours d’année de la moitié de son personnel. Mais le séisme n’a pas seulement aggravé les difficultés techniques. L’insuffisance de formation de nombre de journalistes haïtiens, les inégalités criantes d’une rédaction à l’autre, pèsent sur l’offre d’information plurielle et de qualité, à laquelle une partie de la population n’a d’ailleurs pas accès.


C’est justement à l’attention des personnes déplacées que Gotson Pierre, animateur du Groupe Médialternatif, a mis en place en juin 2010 un Télé-centre mobile, équipé d’un cybercafé et d’un mini-studio. Cette initiative originale, soutenue par l’Unesco et Reporters sans frontières, concerne la douzaine de camps de fortune de la capitale, où quelque 1 000 réfugiés venus des campagnes s’installent chaque jour. Permettre à la fois d’informer et d’être informées à des populations victimes, en plus du séisme, des tempêtes tropicales et des épidémies de choléra, demeure l’un des enjeux cruciaux de l’année qui commence.

Plus que la presse, c’est la communication en Haïti post-séisme qui est aujourd’hui à réinventer. Dans le deuil de quarante journalistes tués ou disparus dans les décombres auxquels Reporters sans frontières rend hommage. Comme elle salue la mémoire de leurs confrères Jean Dominique et Brignol Lindor, assassinés respectivement en 2000 et 2001.


Le séisme a-t-il définitivement emporté les derniers espoirs de lutte contre l’impunité ? Tout dépendra du prochain vainqueur de l’élection présidentielle prévue en février, en espérant que ce second tour ne mène pas au chaos comme le premier (http://fr.rsf.org/haiti-la-presse-relativement-epargnee-10-12-2010,39006.html).

Tuesday, July 19, 2011

Un journaliste libéré aurait été contraint de s’excuser

Détenu depuis le 22 juin dernier pour "diffamation", "trouble à l’ordre public" et "bris de biens publics" par le tribunal de première instance de Petit-Goâve, le journaliste Duralph François a été libéré  dans l’après midi du18 juillet 2011.

Ernst Joseph et Duralph François, derrière les barreaux (Photo: Guyler C. Delva)
Avant sa sortie de la cellule l’animateur de « Les ont dit » a présenté ses profondes excuses aux autorités judiciaires de la ville côtière. Le journaliste de Radio Prévention estime qu'il était sous le choc et se  montrait  irrévérencieux envers  les autorités judiciaires lors de sa première comparution  au Parquet de Petit-Goâve, il y a un mois. Duralph François s’était même désolidarisé de Guyler C. Delva, le secrétaire général de l’association SOS Journalistes qui pourtant luttait pour cette libération. 


Au lendemain de sa libération, Duralph François revient sur ses déclarations. J'ai été forcé, dit-il, de lire une déclaration écrite par les autorités locales, en échange à ma libération. Dénonçant les mauvaises conditions de sa détention, Duralph François révèle « qu’il a été bastonné par des détenus » au commissariat de Carrefour, zone métropolitaine de Port-au-Prince.    


Le propriétaire de Radio Prévention, Ernst Joseph et Duralph François, tous deux animateurs de l’émission "Les ont dit", ont été détenus le 22 juin 2011 pour "diffamation", "trouble à l’ordre public" et "bris de biens publics", selon Alix Civil, commissaire du gouvernement auprès du tribunal de première instance de la ville de Petit-Goâve. Un juge de paix avait apposé des scellés le même jour sur les locaux de la station et saisi le matériel dans un véhicule de la police. Son co-animateur a été relâché le 2 juillet dernier.

Les animateurs ont été convoqués au parquet de Petit-Goâve suite à une pétition signée par des officiels et des membres de la société civile, pour répondre à des questions relatives à des informations et opinions émises au cours de leurs émissions. Des pierres ont été lancées contre les locaux du parquet et des personnes ont été blessées lors des accrochages précédents leur convocation. C’est alors que le commissaire du gouvernement a ordonné l’arrestation d’Ernst Joseph et Duralph François, qui se trouvaient alors dans son bureau.

Monday, July 18, 2011

Carel Pèdre invité d’honneur

Invité d’honneur à la formation « initiation au journalisme web » organisée au Centre opérationnel des médias à Port-au-Prince, Carel Pèdre a expliqué, dans l'après midi du 18 juillet, son utilisation des réseaux sociaux.
Carel Pèdre (à gauche) et Elodie Vialle de Youphil/Solidar'IT
Considéré aujourd’hui comme une star des médias, Carel Pèdre travaillait comme un forcené pour envoyer des photos et des témoignages sur son Twitter via le service TwitPic quelques heures après le violent séisme du 12 janvier 2010 et du chaos qui a suivi la catastrophe. Certaines de ces clichés qui montraient l'ampleur de la catastrophe ont été reprises par CNN, Los Angeles Times, Le Metro et Washington Post qui s'en était servi d'une d'entre elles pour sa Une.

Le séisme a surpris M. Pèdre dans sa voiture coincée dans les embouteillages habituels de Pétion-Ville quand la terre a tremblé il y a dix-huit mois. A l'instar des centaines de milliers des personnes qui cherchaient à se mettre à l'abri, il est sorti de son véhicule et a marché dans les rues en ruines et pleines de cadavres pour rentrer chez lui et s'assurer que Khara, sa fille unique, âgée d'un an à l’époque, se portait bien. Rassuré de la retrouver saine et sauve, Carel Pèdre commençait d'arpenter les rues et raconter la catastrophe digne d'un film d'horreur.

« Je publiais les premières images sur Twitter juste pour dire au monde que je suis vivant », a expliqué Pèdre qui intervenait à la formation « initiation au journalisme web » organisée par l’association française Solidar'IT avec le soutien de Reporters sans frontières, Fondation de France, Unesco et le groupe Medialternatif. Quand les réseaux téléphoniques étaient réduits au silence, il ne restait que Carel Pèdre comme point de contact pour les médias internationaux en Haïti. « La réaction mondiale était spontanée », se souvient celui qu’on considère grâce à un Twitte comme « l’œil d’Haïti ». Mon ami Marven, a-t-il expliqué, m’a retwitter et des gens commençaient à me contacter via Skype. 

Carel Pèdre a obtenu, l’année dernière, un prix à New-York pour son utilisation du site micro-blogs Twitter afin de tenir le monde informé des suites du meurtrier séisme du 12 janvier. Passionné des nouvelles technologies, cet ancien responsable de rédaction de Spotlight (magazine people édité par Le Matin) est foncièrement accroché à son iPhone et à son laptop. Même dans le métro. Ces sont ces atouts technologiques, justement, qui permet à Carel Pèdre, originaire de Port-au-Paix (ville côtière et enclavée d'Haïti) de recevoir un prix dans la catégorie "humanitaire" lors de la seconde remise annuelle des Shorty Awards. Un prix pour récompenser "l'excellence sur Twitter". 

Plus d'infos sur:
www.goudou-goudou.net/fr/formation

Thursday, July 14, 2011

Journalisme web, nouvelles sessions programmées au COM

Le Centre opérationnel des médias accueillera du 18 au 29 juillet 2011 une deuxième série de sessions de formation à l’attention d’une douzaine de journalistes haïtiens sur l’utilisation professionnelle du web et du multimédia.
Une session sur le montage sonore au Centre opérationnel des médias

Cette nouvelle série se tiendra, moins d’un mois après la première qui a eu lieu du 31 mai au 9 juin derniers à l’initiative de l’association française Solidar-IT en partenariat avec Reporters sans frontières, Groupe Medialternatif, Fondation de France, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation la Science et la Culture (UNESCO) et Youphil.com. 

L'utilisation des réseaux sociaux pour s'informer et diffuser l'information, la prise de son, la retouche photo, mais aussi la découverte et l'expérimentation de nouveaux formats web, comme les diaporamas sonores constitueront le contenu de la nouvelle série de formation ouverte aux journalistes de divers médias de Port-au-Prince.

Tuesday, July 5, 2011

Haïti, la révolution du web est-elle en marche?

« Partir à la conquête des internautes », la formule s'impose dans le paysage médiatique haïtien où journaux, radios et télévisions passent progressivement au web. Épiphénomène ou véritable tendance de fond dans la moitié-île caribéenne ? 

Par Claude Gilles

« Malgré l'extrême précarité des conditions de vie des Haïtiens et le coût relativement élevé pour une connexion internet, le nombre de client n'a cessé d'augmenter chez les fournisseurs », s'étonne Jhonny Célicourt, gérant responsable de Kitelmache.net, un magazine culturel en ligne. Dans le bouillonnement qu'est la Toile, les médias traditionnels haïtiens passent progressivement au web. Cette ruée vers les nouvelles technologies est particulièrement motivée par la diaspora haïtienne qui représente plus de 2 millions d'habitants majoritairement concentrés aux États-Unis et au Canada, avec un accès plus garanti à Internet. « C'est une clientèle non négligeable pour les médias traditionnels, analyse Célicourt, pianotant sur un Mc book-pro. Cela a donc provoqué un engouement, d'abord, chez les stations de radio, ensuite, les journaux, à se frayer une place sur la Toile ». Cet engouement, poursuit l'expert en communications technologiques, s'explique aussi par le fait de que les médias veulent se mettre au diapason pour ne pas rater le train du futur. Ils se rendent compte que la morosité de la situation économique ne ralentit nullement l'essor du Web chez nous.

Les nouvelles technologies ont été introduites, il y a une décennie, dans les médias haïtiens. « Au début des années 1990, les médias haïtiens étaient encore confinés à l'utilisation intensive du papier, de cassettes audio et de mini-disques dans leur fonctionnement quotidien », selon une étude menée par le groupe Medialternatif pour le compte de Panos Caraïbes. « Force est de constater qu'une révolution s'annonce avec l'insertion progressive des ordinateurs, courriels, accessoires et autres gadgets électroniques dans les réalités médiatiques, qu'il s'agisse des publications écrites, des stations de radio et de télévision, mais bien sûr des médias électroniques/Internet qui diffusent de l'information et annoncent des produits commerciaux exclusivement en ligne », note Medialternatif dans son rapport. « Les avancées technologiques risquent fort de devenir plus rapides dans les médias en Haïti que dans d'autres pays de même niveau économique », prédit ledit groupe dans les conclusions de l'étude sur la situation et les relations objectives entre les médias et les technologies de l'information.

Considéré comme le Berlusconi haïtien en raison du nombre de médias dont il est propriétaire ou copropriétaire, Patrick Moussignac pense que l'Internet, initié entre 2001 et 2002 à Radio Caraïbes, a favorisé l'expansion d'une communication interne entre les journalistes en mesure, désormais, de transmettre leurs textes, via le réseau interne, au directeur de l'information. « Même les régisseurs doivent savoir comment utiliser l'Internet. Le pré requis, pour trouver aujourd'hui un emploi comme opérateur, est de savoir manipuler un ordinateur. Toute la musique est concentrée maintenant dans un hard drive, l'opérateur doit être en mesure de 'clicker', de se rendre dans un dossier pour chercher facilement la chanson désirée cataloguée, suivant sa spécificité, dans un registre déterminé », avertit-il.

Le Prix Découvertes RFI en 2006 a été remporté par le jeune chanteur Jean Bélony Murat, alias BélO, grâce aux internautes haïtiens, souligne Patrick Moussignac dans le rapport que Panos Caraïbes s'apprête à publier. Le vote sur Internet lui a donné une avance considérable sur ses deux concurrents. Le Cameroun et les autres pays africains ont aussi accès à l'Internet, mais, suivant l'hypothèse de Moussignac, les Haïtiens utilisent beaucoup plus l'Internet, comme en témoigne la fréquentation des cybercafés toujours remplis. En 2008, sur 1000 habitants, 12 personnes possédaient une ligne téléphonique fixe, 354 personnes disposaient d'un téléphone mobile, tandis que 110 personnes ont eu accès à Internet, d'après le Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dsncrp).

L'écriture web
La frénésie qui s'empare de l'ensemble des médias traditionnels n'oblige pas seulement les régisseurs à s'adapter. Les rédacteurs aussi. « Il n'y a pas d'école de journalisme ou de facultés en Haïti qui disposent dans leur curriculum de cours visant à inculquer aux étudiants les notions fondamentales relatives à l'écriture du Web », a fait remarquer Jhonny Célicourt, rodé à la faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti, avant une spécialisation aux États-Unis. En conséquence, la majorité des textes sur le Web s'apparente à la presse écrite, tant au niveau de la structure (format, sémantique, morphologie) qu'au niveau du contenu. « La version sur Internet de Le Nouvelliste aura une certaine autonomie par rapport à la version sur papier avec l'introduction prochaine de portions audio et vidéo dans les prochains mois », promettait Max Chauvet, le propriétaire du quotidien plus que centenaire, dans le rapport de Panos Caraïbes. Alors que les rues de la capitale haïtienne regorgeaient encore de cadavres en putréfaction suite au violent séisme du 12 janvier 2010, il se démenait comme un diable dans un bénitier pour garder le journal en vie sur le web et arrive même à développer les vidéos... Une bonne manière de pallier les difficultés de distribution de l'information du journal imprimée pendant les trois premiers mois qui ont suivi la catastrophe.

Le web peut être une solution pour acheminer l'information malgré tout, croit Solidar-IT, une association française qui s'associe à l'effort de reconstruction des médias avec un projet sur l'utilisation professionnelle du web et du multimédia. L'utilisation des réseaux sociaux pour s'informer et diffuser l'information, la prise de son, la retouche photo, mais aussi la découverte et l'expérimentation de nouveaux formats web, comme les diaporamas sonores étaient au programme des formations organisées du 31 mai au 10 juin 2011 au Centre opérationnel des médias à l'intention d'une quinzaine de journalistes. Le projet soutenu par youphil.com, Reporters sans frontières, Fondation de France, Unesco et Medialternatif était accompagné d'une session de réflexion et de débat sur les nouveaux enjeux éthiques posés par le web. Jusque-là, certains journalistes s'inspirent de confrères internationaux de la presse en ligne pour se familiariser avec certaines techniques de base (insertion de liens, aération de textes, portfolios sonores, vidéos courts, etc.).

Les obstacles au développement des rédactions web sont également liés au nombre de webmasters qui se sont délocalisés aux États-Unis, au Canada ou en Europe à la suite du violent séisme du 12 janvier 2010, qui a fait plus de 200 000 morts dans le pays. La connexion Internet relativement chère en Haïti (une heure dans un cybercafé coûte 1 dollar américain, ndlr) où le taux de chômage atteint plus de 65 % de la population active pose aussi problème.

Pour les médias communautaires, établis en des espaces très éloignés des centres administratifs et confrontés à des difficultés de toutes sortes, souligne le groupe Medialternatif, l'Internet aide à sortir de l'isolement en leur donnant accès aux informations nationales et internationales. De même, l'Internet améliore le champ de communication des médias communautaires dont les membres sont en mesure maintenant de conclure rapidement, via le courriel, des rendez-vous de réunion ou de formation, sans avoir à se déplacer. « Dans ce sens, cet outil technologique raccourcit le temps consacré à la préparation et à la mise en oeuvre d'une quelconque activité », s'est réjouit Sony Estéus, directeur des programmes à la Sosyete animasyon ak kominikasyon sosyal (Saks), un réseau de 35 radios communautaires.

L'ère des radio-web
La saturation de la bande FM ouvre la voie aux radio-web à Haïti où le Conseil national des télécommunications (Conatel) autorise le fonctionnement de 251 stations de radio. Trop nombreux pour une demi-île de 27 000 kilomètres carrés. Comme si la prolifération ne suffisait pas, soixante demandes d'autorisation pour de nouvelles stations de radio et dix-huit pour des télévisions attendent d'être analysées par le l'organe régulateur, selon des chiffres cités par AlterPresse. « Cette bande est saturée à 100% dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, à 85% dans le Nord et à 88% dans l'Artibonite », informe le Conatel. En ce qui concerne la télévision, 71 stations ont une autorisation légale et 18 nouvelles demandes ont été reçues par le Conatel.

Quand la bande FM est saturée il ne reste que le portail Web pour créer de nouveaux médias. Directeur de Réseau 21 and Marketing Group, Caleb Desrameaux se rend à l'évidence: « Pas la peine de faire le pied de grue au ministère de l'Intérieur et au Conatel pour obtenir une fréquence en raison de la saturation de la bande FM, se résigne-t-il. Nous travaillons au lancement très bientôt de Fréquence 21, une radio-web dédiée à la culture haïtienne ». Offrir une programmation innovante est la promesse faite par le jeune entrepreneur qui rêve de conclure un partenariat avec des radios traditionnelles.

Les radios présentes sur la Toile ne sont pas exemptes de critiques de la diaspora. «Si les Haïtiens vivant à l'étranger sont le public cible des médias disponibles sur le web, il faudra forcément recycler les directeurs de programmation transformant ces radios - comme pour se donner de grands airs - en des boites à musique étrangères, se désole Raoul Altidor, coordonnateur de la Fédération américaine des professeurs. Certaines émissions - dont la rubrique Invité du jour de Radio Vision 2000 ; Intersection de Caraïbes FM ou Métro-Tempo de Radio Métropole - sont très écoutées dans la diaspora. Après les émissions de grande écoute, les auditeurs peuvent capter n'importe quelle autre fréquence étrangère, cela ne fera aucune différence». Altidor a gros sur le cœur quand il écoute des animateurs d'émissions à caractère social lisant régulièrement en ondes des versets bibliques dans une société pourtant laïque. «Pire encore, énumère-t-il, dans une même phrase, un animateur peut passer du créole au français ou vice-versa, comme si les deux langues sont complémentaires».

Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr

Libération de l’un des deux journalistes détenus


Le journaliste et propriétaire de Radio Prévention, Ernst Joseph, a recouvré sa liberté dans la matinée du samedi 2 juillet 2011. Son collaborateur Wolf ’Duralph’ François est toujours détenu au commissariat de Carrefour, zone metropolitaine de Port-au-Prince, pour "diffamation", "trouble à l’ordre public" et "bris de biens publics", selon Alix Civil, commissaire du gouvernement auprès du tribunal de première instance de la ville de Petit-Goâve.

Animateurs de "Les ont dit", Ernest Joseph et Wolf ’Duralph’ François ont été convoqués au parquet de Petit-Goâve, le 22 juin 2011, suite à une pétition signée par des officiels et des membres de la société civile, pour répondre à des questions relatives à des informations et opinions émises au cours de leurs émissions. Ils ont été détenus suite à des accrochages entre ses sympathisants et les forces de l’ordre. Des pierres ont été lancées contre les locaux du parquet. C’est alors que le commissaire du gouvernement a ordonné l’arrestation d’Ernst Joseph et Wolf ’Duralph’ François, qui se trouvaient alors dans son bureau. Le commissaire du gouvernement rend les deux journalistes responsables des actes commis par certains de leurs sympathisants.

Un juge de paix a apposé des scellés le même jour sur les locaux de la station et saisi le matériel dans un véhicule de la police. Les deux journalistes ont été transférés depuis le commissariat de police de Carrefour, zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Monday, July 4, 2011

Le chef de l’Etat noue le dialogue avec les patrons de presse

Le président haïtien, Michel Joseph Martelly, noue le dialogue avec les directeurs de médias privés, moins de deux mois après son investiture à la tête de la moitié île secouée par le violent séisme du 12 janvier 2010.

Le chef de l’État (assis, 3e de g-a-d) et des patrons de médias
Une quinzaine de directeurs d’opinion et patrons de médias de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, ont pris part à la rencontre tenue dans l’après-midi du samedi 2 juillet 2011 à l’appartement privé du chef de l’Etat au Palais national. Cette première prise de contact depuis les élections de 2011 caractérisées par des frictions entre l’équipe de campagne de Michel Martelly et certains journalistes et médias a été cordiale à l’image du président portant une chemise rose à raies blanches et un blue-jean. Faire part, aux directeurs de médias, de la vision du Président et de la nécessité de mettre les intérêts du peuple haïtien au premier plan, est l’objectif avoué par la présidence. Cette rencontre, selon une note de son bureau de communication, a permis au Chef de l’Etat de constater combien il est possible de trouver cette synergie indispensable au changement réel qu’attend la population de ses élites.

Michel Martelly au premier plan, les patrons de médias, des visiteurs et employés du Palais national
« Il est du devoir de toutes les entités de se mettre ensemble, en dépit de certaines divergences, pour sauver ce pays qui nous est tous cher », a déclaré le président qui a pris note de la mesure et du niveau des interventions de chaque participant. Michel Martelly exprime son soutien entier aux médias et à la liberté d’expression tout en exhortant les directeurs d’opinions à utiliser le pouvoir de la presse en faveur d’un climat serein et positif dans le pays. Un tel climat permettra de rassurer ceux de l’extérieur et mettre en confiance ceux qui ont choisi de vivre ou d’investir en Haïti.

Le temps des good news ?
« Le sentiment de paix et de stabilité relative est indispensable à l’attraction des investissements et des visiteurs », a indiqué le successeur de René Préval. Depuis la réélection de ce dernier en 2006 Haïti ne cesse de progresser dans le classement mondial de la liberté de la presse élaboré annuellement par Reporters sans frontières. Ce léger mieux paraissait cependant ébranlé avec notamment des poursuites judiciaires menées pour diffamation contre au moins cinq journalistes et quatre autres ont été convoqués en qualité de témoin par un tribunal de Port-au-Prince depuis les élections controversées de 2010. Tèt Ansanm, une radio communautaire a été également incendiée dans la nuit du 20 au 21 avril dernier à Carice (Nord-Est) par des partisans de l’ancien député de la plateforme Inite Jean Berthold Bastien, battu aux législatives par la candidate Fanèse Laguerre.
Le chef de l’État, Michel Martelly (à gauche) et le PDG de Radio Télé Caraïbes, Patrick Moussignac
 Le président qui ne revient pas sur ses propos désobligeants à deux journalistes lors d’un débat électoral au Karibe Convention Center s’est présenté comme un ami de la presse et a souhaité que celle-ci se renforce pendant les 5 ans de son mandat. « Michel Martelly aime qu’on parle de lui en bien ou en mal. Cela me sert finalement », a déclaré le chef de l’Etat espérant voir la presse haïtienne s’engager en première ligne, dans le combat en faveur d’une image de marque du pays à l’étranger.

Pas d’opposition
Le président Michel Martelly (à gauche) et le PDG de Radio Solidarité, Venel Remarais
La presse ne constitue pas une opposition, mais qu’elle se doit de dire la vérité sans exagérer dans un sens comme dans l’autre, a réagit Marcus Garcia. Le directeur de Mélodie FM qui a connu la dictature des Duvalier (Roi de la censure), n’entend pas transiger sur le rôle de chien de garde que de la presse. Plusieurs organisations internationales, des médias internationaux, juge-t-il, véhiculent aussi des messages négatifs sur Haïti afin de faire leur beurre. « C’est au président de s’assurer qu’elles n’aient plus l’occasion de le faire », a conseillé l’éditorialiste de Mélodie FM. La presse, insistent d’autres responsables de médias, ne fait que son devoir en rapportant les faits.

Photos: courtoisie de la présidence